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S’il fallait citer le nom d’un célèbre compositeur attaché à son pays, la Lituanie, comme les racines d’un arbre à la terre, ce serait, sans hésitation aucune, celui de Bronius Kutavicius, le plus grand compositeur lituanien vivant. Figure majeure incontestable de la musique contemporaine en Lituanie, homme remarquable mais modeste, aussi discret que généreux, Bronius Kutavicius, né en 1932, incarne à lui seul l’esprit authentique de ce petit Etat balte conduit à la liberté et à l’indépendance par un musicologue et pianiste devenu président, Vytautas Landsbergis.
Dans leurs aspects les plus marquants, les œuvres maîtresses de ce compositeur si original se singularisent avec force par leurs attaches à un très ancien fonds de chants polyphoniques populaires lituaniens appelés sutartinés, demeurés inchangés durant des siècles, seule référence à l’époque païenne. L’utilisation fréquente de leur modèle structurel confère à la musique de Kutavicius sa fascinante beauté. Cette situation particulière ne l’empêche pourtant aucunement d’accéder à une « modernité » ; elle lui permet, au contraire, de remettre en question l’idée de modernité musicale occidentale. Ce point crucial éclaire le problème que posent, de façon relativement étrange et stupéfiante, les œuvres de Bronius Kutavicius Car celles-ci, majoritairement dégagées qu’elles ont été, pour de dramatiques raisons historiques, des recherches de matériau, de syntaxe ou d’innovation technologique propres aux avant-gardes occidentales, possèdent une fulgurance, une force primordiale spectaculaires, grâce auxquelles elles ne souffrent pas de la « carence d’humanité » qui a souvent marqué les partitions de nos compositeurs contemporains.
On retrouve ainsi dans la subtile musique de Kutavicius toute l’âme lituanienne, puissante alchimie entre paganisme et christianisme, au sens presque physique, charnel et spirituel : sa quintessence, celle des invocations à la nature, des croyances païennes ancestrales , en lesquelles retentit la voix de la dernière nation en Europe à être christianisée.